Dix-huitième lettre de l'abécédaire MOVING_IMAGE : R comme Répétition.
Pour la 18ème lettre de son abécédaire, MOVING_IMAGE propose une séance autour des notions de répétition et de "reenactment". Caractéristiques de nombreuses œuvres contemporaines, ces notions permettent une réappropriation critique des images et des discours, une écoute et une compréhension renouvelées de notre époque. Avec notamment la projection exceptionnelle de deux œuvres majeures dans l’histoire de l’art vidéo, "Technology/Transformation: Wonder Woman" de Dara Birnbaum, et "Hood" de Klaus vom Bruch, la présence de Jean-Jacques Palix pour la présentation de son film "Ce disque est le même que l'autre", et le film irrévérencieux et provocateur "The Eternal Frame" de Ant Farm et T.R. Uthco.
En présence de Jean-Jacques Palix
Dara Birnbaum : Technology/Transformation: Wonder Woman
Vidéo, vhs, couleur, 5’50’’, USA, 1978-79 [sans dialogue]
"Technology/Transformation: Wonder Woman" est l’un des premiers exemples d’appropriation de l’image télévisuelle. A partir du personnage de Wonder woman, Dara Birnbaum déconstruit les codes de la télévision, isole et répète le moment où cette femme "réelle" se transforme en super-héro.
Dara Birnbaum vit et travaille à New-York. Pionnière de l’art vidéo, elle commence à utiliser la vidéo en 1978 alors qu’elle enseigne au Nova Scotia College of Art and Design. Son travail a notamment été exposé au Metropolitan Museum of Art à New-York, au Musée National Reina Sofia à Madrid, au Museum of Contemporary Art de Los Angeles et au Centre Pompidou à Paris.
Klaus vom Bruch : Hood
Vidéo, vhs, couleur, 4’30’’, Allemagne, 1981-1998 [sans dialogue]
A partir d’une séquence de 25 images extraites d’un film de 1938, Kaus vom Bruch explore le concept de la répétition comme un moyen formel de modifier la perception.
Klaus vom Bruch vit et travaille à Cologne. Artiste pionner de l’art vidéo, son travail, provocateur et hypnotique, se caractérise par la répétition des plans, l’accélération des rythmes et le collage d’images apparemment inconciliables. Son travail est notamment exposé au MoMA de New York, au Moderna Museet de Stockholm et à la Documenta 8 de Kassel.
Jean-Jacques Palix : Ce disque est le même que l'autre
Vidéo, dv, couleur, 9’, France, 2009 [sans dialogue]
A la fois réflexion sonore et cinématographique sur les notions de répétions et de perception, cette vidéo utilise des séquences de longs métrages représentant des tourne-disques ou des personnes manipulant des disques. La bande son est constituée du mixage naturel des sons originaux de ces rushes.
Jean-Jacques Palix vit et travaille à Paris. Artiste sonore et compositeur, il crée notamment le studio Tapage Atypique et le label Song Active. Son travail a notamment été projeté au Centre Pompidou à Paris, au Musée National Reina Sofia à Madrid et à la Haus der Kulturen der Welt à Berlin dans le cadre des Rencontres Internationales Paris/Berlin/Madrid.
Bjørn Melhus : I'm Not The Enemy
Vidéo, hdv, couleur, 13’30’’, Allemagne, 2011 [VOST français]
Cette vidéo interroge la représentation médiatique d’un héro de guerre. L’artiste se démultiplie face à la caméra et rejoue des extraits sonores de films et de séries, et confronte l’univers protecteur de la maison au traumatisme de la guerre.
Bjørn Melhus vit et travaille à Berlin. Son travail explore la possibilité d’une réception critique du cinéma et de la télévision, au moyen du fragment, d’une démultiplication des personnages et du travestissement. Son travail a été présenté notamment au Tate Modern à Londres, au MoMA à New York et au Centre Pompidou à Paris.
Adel Abidin : Three Love Songs
Vidéo, hdv, couleur, 9’39’’, Finlande, 2010 [VOST français]
Dans cette vidéo, Adel Abidin manipule les images et crée des juxtapositions de significations. Il examine la façon dont les apparences se jouent dans une chanson, et plus particulièrement dans des chansons commandées par Saddam Hussein à la gloire de son propre régime.
Originaire d’Irak, Adel Abidin vit et travaille à Helsinki. Son travail explore la complexité des relations entre culture, politique et identité. Abidin utilise son expérience interculturelle pour créer un langage visuel distinct souvent avec sarcasme et paradoxe. Son travail a notamment été exposé à la Biennale de Venise, à l’Institut du Monde Arabe à Paris et au Mori Art Museum à Tokyo.
Rod Dickinson : Closed Circuit
Document de performance, hdv, couleur, 5’, Royaume Uni, 2010 [extrait]
"Closed Circuit" est une performance et une installation. Cette pièce explore la forme historique du discours présidentiel et des conférences de presse de gouvernement. Dans un environnement méticuleusement reproduit, deux acteurs déroulent leur discours sur prompteur.
Rod Dickinson vit et travaille au Royaume-Uni. Artiste visuel et enseignant à l'Université de West England à Bristol, ses œuvres interrogent la manière dont nos comportements interagissent avec les médias et les contextes sociaux. Son travail a notamment été présenté au Kunstwerk à Berlin, au Centre d’art contemporain de Glasgow, au Centre de la photographie de Montréal.
Ant Farm, T.R. Uthco : The Eternal Frame
Document de performance, vhs, couleur et n&b, 22'19'', USA, 1975
Ce film est une reconstitution irrévérencieuse de l'assassinat de John F. Kennedy en 1963 tel que vu dans le célèbre film Zapruder, une performance-spectacle où les rôles de John et Jackie Kennedy sont tenus par les artistes eux-mêmes. Immédiatement confisqué par le FBI en 1976, "The Eternal Frame" interroge le rôle joué par les médias dans création des mythes historiques postmodernes.
Le collectif Ant Farm a été actif des années 60 aux années 70, dans le domaine des médias, de l'architecture et du spectacle. Leurs œuvres mêlent un humour pop acide avec une critique politique acerbe. Les images d'une Cadillac défonçant un mur de TV en flammes, ou l'enterrement de 10 Cadillac sont emblématiques de leurs provocations à l'encontre des médias et des icones culturelles américaines. Le collectif T.R. Uthco a été fondé en 1970. Son travail engageait une critique satirique des médias et des modèles culturels. Entre réalité et fiction, ils parodiaient l'iconographie pop, les symboles politiques et les mythes culturels.
Chaque mois, MOVING_IMAGE propose un éclairage critique et prospectif sur ce domaine aux frontières mouvantes, où convergent à la fois un questionnement esthétique, social et politique de notre époque, et des enjeux liés à l’évolution des modes de production et de diffusion. Transversales et ouvertes, les séances se déroulent en présence d'artistes invités qui parlent de leur travail et de leurs recherches, ainsi que d'intervenants qui apportent un regard singulier sur la séance.
Un cycle proposé par Nathalie Hénon et Jean-François Rettig.