Comment fait-on entendre les voix de la rue, ces voix oubliées à qui personne ne prête attention ? Dernier lieu de sociabilité des invisibles, la rue est aussi brutale et disputée. Du vagabond en rupture avec un foyer oppressif aux migrants apatrides, en passant par les déclassés économiques, victimes d’un système à deux vitesses, chaque individu est porteur d’une histoire, d’une voix qui lui est propre.
Il y a la figure du flâneur décrite par Charles Baudelaire ; celle du vagabond libre penseur qui regarde les passant·es sans être regardé, qui erre sans but de longues heures durant, au gré des rencontres et des événements de la rue. Il est libre, artiste, révolutionnaire. La ville est son terrain de jeu. Il est hors de chez lui et pourtant il se sent chez lui partout, selon Baudelaire. Cette image romantique du vagabond, que l’on retrouve aussi dans les écrits de la Beat Generation, est pourtant bien loin de faire écho aux récits des personnes sans abris, des migrants apatrides, des travailleurs.ses de la rue, ces voix oubliées qui vivent la rue comme un combat de tous les jours, signe d’oppression, de violence mais aussi de résistance.
Pour pallier cette situation, il y aussi tout un tissu associatif qui côtoie la rue, des aides juridiques aux distributions de nourriture, et qui s’attaque frontalement au manque de considération de ces individus. Les écouter, c’est aussi les regarder en face plutôt que de travers, quand on passe à côté. C’est leur octroyer une place dans la société.
Une écoute-discussion en présence de :
- Brice Andlauer et Yann Plantier, auteurs d’Outsiders (2020)
- Anne-Sophie Lepicard, autrice de Rose d'acier (Arte Radio, 2019
Il était des voix
La Gaîté Lyrique et le Paris Podcast Festival s’associent pour rendre audibles des récits hors normes, des paroles souterraines, des itinéraires bis qui n’arrivent pas toujours jusqu’à nous. Pour la création d’un podcast dédié, enregistré devant nous, nous écoutons ensemble les voix des invisibles.